Quand on prend une décision importante, on le fait souvent à la légère, oubliant de penser au futur. Surtout quand on est une Moumoule.
Cela faisait quelques semaines que Jeanine parcourait les terres d'Amakna.
Elle n'avait trouvé aucun compagnon, n'avait rencontré que des ennuis, et cela commençait à l'ennuyer.
Elle aurait pu parler pendant des heures du monstre qui lui avait couru après en criant "Moumouuuuule !", exposer en détail ce qui ne lui plaisait pas dans une nature morte, parler de tout, de rien... Mais à qui ?
Alors que la lueur du soleil, à moins qu'il ne s'agisse d'une autre lueur, déclinait à l'horizon, elle décida de camper près d'un lac asséché, entre un rocher et un tronc inanimé. En quelques minutes, tout fut prêt : son balluchon déballé entre le tronc et la pierre était retenu par un petit tas de cailloux à chaque extrémité, laissant l'arrière de la cape trainer dans son dos. Toutes ses affaires étaient éparpillées à terre tandis qu'elle gardait précieusement l'aiguille contre son corps. Pas besoin de feu. Elle n'en avait de toute manière jamais eu l'utilité.
La peur étant omniprésente, elle ne put fermer l'œil.
À chaque bruit suspect, tous ses sens se mettaient en éveil et sa peau était parcourue de frissons tellement violents qu'un Eniripsa l'aurait crue parcourue de spasmes. La nuit dernière, un étrange oiseau avait attaqué son bivouac, qu'est-ce qui pouvait lui faire croire qu'il ne reviendrait pas cette fois ?
Timidement, elle commença à siffler une des chansons que sa grand-mère lui chantait. Une chanson douce, lui remémorant de bons souvenirs.
Ses frissons se calmèrent et elle resta à fixer le lac, réfléchissant en attendant le petit matin. Marcher de "nuit" était bien trop dangereux.