[RP Ouvert] Souvenir

Il reprit peu à peu connaissance.

Il faisait froid ; c'était la première chose qui lui vint à l'esprit quand il se réveilla. Sa vue était encore un peu trouble, mais quelques instants plus tard, il y verrait plus clair. Sa tête et son corps entier reposaient dans un mince tapis de neige. Il avait les yeux grands ouverts désormais, et il réalisait petit à petit que la neige, qui le recouvrait presque, lui gelait les os. Non sans efforts, il se releva.
Sa vision se mit à se troubler à nouveau et il eut des vertiges. Il lui fallut un petit moment pour trouver son équilibre avant quoi il put enfin faire un pas devant lui. Sa tête le faisait souffrir, une insoutenable migraine l'avait saisi au moment où il s'était relevé et chacun de ses mouvements amplifiait un peu plus la douleur.
Il se retourna et ouvrit grand les yeux.

Devant lui, une immense statue de pierre semblait le fixer. Elle représentait un colosse sans visage qui portait une longue robe de tissu et un casque à cornes. Il prenait appui sur ce qui semblait être un énorme sceptre qu'il tenait dans sa main gauche, tout en portant un sablier dans sa main droite.
Il fut tout d'abord effrayé par l'imposante masse de pierre qui se tenait devant lui, si bien qu'il précipitât quelques pas en arrière et tomba sur ses fesses. Il resta assis quelques instants, à contempler la statue la bouche béante, puis il entreprit de se relever à nouveau.

Il faisait sombre, mais on voyait encore relativement bien devant soi, c'était sans doute la fin de la soirée, ou le début de la matinée, il ne savait pas. Il n'avait d'ailleurs aucune idée non plus de l'endroit où il se trouvait, il vit une muraille derrière la statue sur laquelle s'appuyaient plusieurs maisons. C'était une ville relativement grande, il y avait des maisons à perte de vue. Après quelques minutes de marche, il se trouva face à un lac gelé. Derrière lui se trouvaient des étals qui avaient manifestement servi à exposer du poisson au vu de l'odeur qui s'en dégageait. Bien entendu, tous les commerces étaient fermés à cette heure, les rues étaient vides et calmes, il ne vit personne avant un bon moment et quand enfin, il aperçut une silhouette dans l'obscurité, il ne sut comment l'aborder et passa son chemin.
Il arriva devant une fontaine somptueusement sculptée, qui représentait un gros bonhomme avec une longue et épaisse barbe qui engloutissait avec appétit le contenu d'une chope de bière, sans doute. Cette chope lui donnait envie, en fait il se rendit compte qu'il avait également très faim. Sur la bordure de la fontaine était fixée une stèle métallique sur laquelle des inscriptions qu'il n'arriva pas à déchiffrer étaient gravées.

Plus loin, il repéra un petit panier sous un abri composé d'un mat en bois et d'un bout de tissu. Il s'approcha, espérant trouver quelque-chose à manger. Le panier était pratiquement vide, il ne vit qu'un long torchon à l'intérieur. Il le posa à côté de lui et découvrit avec une surprise quelques champignons en dessous. Il les engloutit avec la voracité d'un homme qui n'avait rien mangé depuis plusieurs jours puis, épuisé, se coucha sous l'abri en se servant du torchon comme d'une couverture.

Au petit matin, ce fut avec surprise que quelques citadins qui s'étaient levés aux aurores le découvrirent là. À vrai dire, il n'était pas courant de trouver un tel jeune homme, entre l'adolescence et l'âge adulte, ainsi à la rue. Il portait une pauvre tunique sale et déchirée et un léger pantalon en tissu. Ce qui fit s'arrêter les gens était également la couleur de ses cheveux ébouriffés : un blanc immaculé, ce qui n'était pas commun pour un garçon aussi jeune. Il resta là un moment à dormir, il était visiblement épuisé.

Le jeune homme s'était retrouvé en plein milieu de la cité, il faisait nuit noire désormais. Il était si tard que toutes les torches, même celles des plus tardifs, avaient été éteintes.
Il entreprit de faire quelques pas dans l'obscurité quand il entendit un bruit sourd derrière lui. Il se retourna, mais ne vit rien. Haussant les épaules, il décida de continuer son petit bout de chemin avant d'être de nouveau arrêté par le même bruit sourd, mais cette fois beaucoup plus proche. Il parut beaucoup plus effrayé en se retournant, mais à peine eut-il le temps de reprendre ses esprits qu'un troisième s'entendit juste devant lui. En plissant les yeux, il put enfin voir ce qui s'était autant rapproché et il fut pris de stupeur en le réalisant, il voulut s'éloigner autant qu'il l'eut pu mais il n'arriva pas à faire le moindre mouvement. L'immense statue qu'il avait vue la veille se tenait devant lui, et semblait vouloir l'écraser avec son sceptre. Il ferma alors les yeux alors que la statue abattait son massif bâton sur lui puis n'entendit plus rien.
Lorsqu'il les rouvrit, il était toujours dans la cité, mais cette fois, il faisait beaucoup plus clair. Il comprit alors que tout cela n'était tout simplement qu'un mauvais rêve et qu'il était temps pour lui de se lever. Il fut surpris d'entendre des murmures et des rires autour de lui, et, surtout de voir une drôle de jeune femme lui appuyer sur la joue.

« Eh... T’es mort ? », murmura-t-elle. Il plissa alors les yeux, et vit toute la petite foule qui s'était tassée là et qui le regardait fixement.
Il prit peur et se releva en vitesse, puis il vit que personne n'avait l'air vraiment menaçant, et ses yeux revinrent sur la jeune femme.

- Que se passe-t-il, ... qui êtes-vous ? dit-il enfin.

Encore visiblement fatigué, le garçon ne s'était toujours pas fait à la lumière du petit matin, si bien qu'il plissait les yeux tout en observant la foule de tous les côtés.
Un million de questions fourmillaient dans sa tête : Qu'avait-il de si intriguant ? qu'est-ce que ces gens pouvaient bien penser de lui ?
Petit à petit, il ressentit de nouveau la faim de la veille, les quelques champignons qu'il avait trouvés ne formaient pas un repas très consistant. De par ce cumul de fatigue et de faim, il avait peine à écouter ce que lui répondait la jeune femme.

Ne sachant trop quoi dire, il demanda d'une voix hésitante « Euh... vous savez où est-ce que je pourrais trouver à manger ? ».